Régions polaires

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Récit de l’expédition Nimrod de Shackleton (1907-1909)


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Au début du 20ème siècle, le pôle Sud constitue un des derniers territoires inconnus de la planète. Charcot et Scott, notamment, ont déjà tenté de rejoindre le pôle Sud mais ont été vaincus par les glaces et le froid.

Rapatrié d’Antarctique en 1903 pour cause de maladie avant la fin de l’expédition Discovery dirigée par Scott, à laquelle il participe en qualité de sous-officier, Ernest Shackleton se languit de l’immense continent de glace de neige.

“les régions polaires laissent en effet sur ceux qui y ont affronté les pires épreuves une empreinte dont les hommes qui n’ont jamais quitté le monde civilisé peuvent difficilement s’expliquer la puissance” Shackleton

Il commence alors à concevoir un plan d’expédition en Antarctique et à rechercher des financements possibles. L’objectif : atteindre pour la première fois le pôle Sud.

Le 12 février 1907, Shackleton annonce son projet à la Royal Geographical Society. Le départ d’Angleterre est prévu à l’été 1907.

Retour sur l’expédition Nimrod d’Ernest Shackleton – By Endurance We Conquer

Expe Nimrod Récit d'expe

Objectifs et moyens

L’objectif principal est d’atteindre pour la première fois le pôle Sud. Le plan initial de Shackleton est d’utiliser à nouveau l’ancien camp de base de l’expédition Discovery vers le détroit de McMurdo et à partir de là, de tenter d’atteindre le pôle Sud géographique et le pôle Sud magnétique.

Shackleton prévoit d’utiliser des chiens de traîneaux, des poneys et un véhicule motorisé. L’emploi de poneys et d’un tel véhicule sont alors inédits dans l’Antarctique.

Expe Nimrod Poney de Mandchourie

Expe Nimrod - Automobile Nimrod

Pour se rendre en Antarctique depuis l’Angleterre, Shackleton souhaite initialement acquérir un navire polaire de 700 tonnes, le Bjorn, idéal en tant que navire d’expédition. Il doit finalement se contenter d’un navire moins cher, plus âgé et beaucoup plus petit, le Nimrod – qui donne son nom à l’expédition.

Expe Nimrod - Timbre

Outre la quarantaine de membres d’équipage du Nimrod, Shackleton peut compter sur une équipe de 14 explorateurs et scientifiques, dont deux officiers, Frank Wild et Ernest Joyce, qui ont déjà participé à l’expedition Discovery. Le commandant en second de Shackleton est Jameson Boyd Adams, lieutenant réserviste de la marine britannique, qui endosse également le rôle de météorologue de l’expédition. C’est donc un contingent de 15 hommes qui doivent être débarqués en Antarctique en janvier 1908 pour mener à bien l’expédition Nimrod : les membres de l’expédition doivent tout d’abord passer l’hiver dans un camp de base en Antarctique avant de pouvoir se lancer à l’assaut du pôle Sud durant l’été polaire – à partir d’octobre.

Expe Nimrod Equipe

Le coût de l’expédition est estimé à hauteur de £30 000, soit l’équivalent d’environ 1.700.000 euros en valeur actuelle (le coût de l’expédition sera finalement de l’ordre de £45 000). Son employeur – Beardmore – lui apporte un premier soutien financier essentiel à la mise en route de l’expédition, notamment pour l’acquisition du Nimrod. En juillet 1907, à quelques jours du départ, Shackleton n’a toutefois pas obtenu suffisamment de soutien financier et n’a pas les fonds pour achever la consolidation et le réaménagement du navire. Il parvient néanmoins à trouver quelques soutiens complémentaires (dont Edward Guinness de la famille du brasseur Guinness, qui accepte de garantir la somme de £2 000, et Sir Philip Brocklehurst qui apporte également une contribution de £2 000 et participe à l’expédition).

Shackleton a recours à un emprunt de £20 000, et espère que son livre sur l’expédition et ses conférences pourront lui permettre de rembourser cet emprunt au retour de l’expédition.

Expe Nimrod Shackleton-Conference South Pole

L’expédition

Le Nimrod est en état de naviguer pour mettre le cap au sud, après son inspection le 11 août 1907 par le roi Édouard VII.

Le Nimrod quitte donc les eaux britanniques en août 1907. Shackelton et la plupart des membres de l’expédition se retrouvent en Nouvelle-Zélande, prêts pour le départ du navire vers l’Antarctique le 31 décembre 1907.

Expe Nimrod Départ de Lyttelton

Afin d’économiser le carburant, le Nimrod est remorqué pendant quinze jours vers le cercle Antarctique, sur une distance d’environ 2 750 kms, par un remorqueur (le Koonya). Lorsqu’apparaissent les premiers icebergs, le Nimrod pénètre par ses propres moyens dans le pack.

La barrière de glace est repérée le 23 janvier, mais la crique où Shackleton avait prévu d’hiverner (repérée lors de l’expédition Discovery) a disparu, les contours de la barrière ayant sensiblement changé au fil des années.

Le 25 janvier, Shackleton donne alors l’ordre de naviguer dans le détroit de McMurdo, mais le pack empêche le Nimrod de progresser vers le sud jusqu’à l’ancienne base de l’expédition Discovery.

Le 3 février, Shackleton décide de ne pas attendre la débâcle, et d’établir son quartier-général à l’endroit approprié le plus proche, le cap Royds.

Expe Nimrod - le Nimrod

Le navire y est amarré et commence alors le débarquement de l’équipement et la construction du camp de base où les membres de l’expédition passeront l’hiver avant d’entreprendre l’expédition vers le pôle Sud. Le déchargement est  achevé le 22 février et le Nimrod repart alors vers le nord, laissant les quinze membres de l’expédition seuls sur le grand continent blanc.

Après le départ du Nimrod, Shackleton décide de tenter l’ascension du mont Erebus.

Ce volcan actif culminant à 3 794 mètres de haut n’a jamais été gravi et est le plus imposant de l’île de Ross. L’ascension commence le 5 mars et le sommet est atteint le 9 mars. Plusieurs relevés météorologiques sont effectués et de nombreux échantillons de roches sont collectés.

Tous se préparent alors à passer l’hiver – la nuit polaire de mai à septembre – dans l’abri fabriqué à cet effet : une structure préfabriquée de 60m2 environ, composée d’une série de cabines de deux personnes, avec un coin cuisine, une chambre noire, un espace de stockage et un laboratoire. Les poneys sont logés dans des étables construites sur le côté le moins exposé aux vents, tandis que les chenils sont placés près du porche de l’abri.

L’organisation de groupe de Shackleton abolit toute distinction sociale et tous vivent, travaillent et mangent ensemble. Le moral est bon !

Expe Nimrod - Camp d'hivernage 2

Expe Nimrod - Refuge Cap Royd préparation des lit

Au cours des mois d’hiver et d’obscurité, les membres de l’expédition préparent les expéditions de la saison suivante, à la fois vers le pôle Sud géographique et le pôle Sud magnétique. Les perspectives pour l’expédition au pôle Sud s’obscurcissent toutefois au cours de l’hiver, après la mort de quatre des huit poneys de Mandchourie.

Shackleton limite en conséquence à quatre le nombre de membres de l’expédition vers le pôle Sud, car il mise sur les poneys plutôt que sur les chiens pour cette expédition : ce sont  Marshall, Adams et Wild qui accompagneront Shackleton dans sa quête du pôle Sud. Le véhicule à moteur est laissé de côté car il ne peut pas affronter les différentes surfaces de la barrière.

Expe Nimrod Wild, Shackleton, Marshall, Adams.

La marche commence le 29 octobre 1908. Shackleton estime la distance aller-retour au pôle à 2 765 kms. Son plan initial prévoit un voyage complet en 91 jours, avec une distance moyenne journalière parcourue d’environ 31 kms. Les conditions météorologiques ralentissent toutefois le début de la progression vers le pôle Sud et Shackleton doit réduire la quantité de nourriture quotidienne pour rallonger la durée de voyage possible à 110 jours.

Le 26 novembre, un nouveau record est enregistré à 82°17′, soit un peu plus que le record de Robert Falcon Scott de décembre 1902.

Au fur et à mesure que le groupe progresse vers le pôle Sud, la surface de la barrière devient de plus en plus chaotique, et l’expédition ne peut rapidement s’appuyer que sur un seul poney – les trois autres ayant succombé aux conditions climatiques.

L’expédition progresse sur un glacier baptisé par Shackleton du nom de Beardmore en hommage au principal mécène de l’expédition (il s’agit d’un des plus grands glaciers du monde avec une longueur de plus de 160 kms).

Le 7 décembre, le dernier poney disparait dans une crevasse profonde, manquant d’entraîner Wild avec lui. Heureusement pour les hommes, le harnais du poney casse, et le traîneau contenant les provisions n’est pas perdu. Les quatre membres de l’expédition doivent toutefois désormais tirer eux-mêmes tous les traineaux.

Expe Nimrod Départ pour le pôle

Les membres de l’expédition atteignent 85°51’S le jour de Noël. Il leur reste environ 470 kms à parcourir jusqu’au pôle. Ils ont désormais à peine un mois de nourriture après avoir réservé le nécessaire dans les dépôts du retour. Shackleton décide de continuer en réduisant à nouveau les rations alimentaires et en se délestant de tout le matériel non essentiel.

L’ascension du glacier Beardmore est achevée le lendemain de Noël et la marche sur le plateau Antarctique commence. Le 1er janvier, le groupe atteint 87°6½’S, battant ainsi les records de latitudes polaires Nord et Sud atteints alors.

Le 4 janvier, Shackleton doit toutefois admettre qu’il ne pourra pas atteindre le pôle Sud et revoit son objectif pour réaliser symboliquement la marque de moins de 100 milles (187 kms) du pôle Sud. L’équipe lutte à la limite de la survie et atteint la latitude de 88°23’S le 9 janvier 1909, à 97 milles du pôle Sud. L’Union Jack est planté, et Shackleton baptise le plateau antarctique d’après Édouard VII du Royaume-Uni.

Expe Nimrod Farthest South

L’équipe est donc contrainte de faire demi-tour, après 73 jours de marche.

« I thought you’d rather have a live donkey than a dead lion » Extrait d’une lettre de Shackleton à sa femme Emily

Commence alors une nouvelle course contre la montre : les rations ont été réduites à plusieurs reprises pour étendre la durée du trajet au-delà des 110 jours estimés à l’origine et, surtout, Shackleton vise maintenant un retour au point de départ avant le 1er mars, date à laquelle selon ses ordres laissés avant le départ vers le pôle Sud, le Nimrod doit repartir vers le nord.

Les membres de l’équipe sont très éprouvés physiquement. Ils atteignent le glacier Beardmore le 20 janvier et en commencent sa descente. Il leur reste cinq jours de nourriture à raison d’une moitié de ration jusqu’au dépôt du bas du glacier alors que l’ascension aller avait pris douze jours. « Nous sommes tellement maigres que nos os souffrent lorsque nous nous allongeons sur la neige dure » écrit Shackleton.

Ils parviennent toutefois à rejoindre les différents dépôts de vivres installés à l’aller. Les soucis alimentaires disparus, ils ne sont cependant pas encore sûrs de revenir au Cap Royd avant la date limite. Le 27 février, alors qu’ils sont encore à 55 kms de la base, Marshall s’effondre de fatigue. Shackleton décide de partir avec Wild vers Cap Royd avec l’espoir de trouver le navire et de le retenir jusqu’à ce que les deux autres explorateurs soient sauvés. Ils atteignent Cap Royd le 28 février en soirée. Adams et Marshall sont ramenés trois jours plus tard, et le 4 mars toute l’équipe est à bord du navire, Shackleton ordonnant un départ à toute vapeur vers le nord.

Bilan

L’expédition est un succès.  Même si le pôle Sud n’est pas atteint, Ernest Shackleton atteint le point le plus au sud, à moins de 200 kms du pôle (88°23’S). C’est également de loin le plus long voyage polaire effectué vers le sud à cette date.

Expe Nimrod Trajet de l'expédition Nimrod

Au cours de l’expédition, un groupe dirigé par Edgeworth David atteint également l’endroit approximatif du pôle Sud magnétique et effectue la première ascension du mont Erebus, sur l’île de Ross.

Trois ans plus tard, l’expédition Amundsen puis l’expédition Terra Nova de Scott atteindront le pôle Sud.

Shackleton aura alors pour ambition d’effectuer une traversée transcontinentale de l’Antarctique, qu’il tentera sans succès lors de l’expédition Endurance (1914-1917), mais qui fera définitivement de lui un des principaux explorateurs de l’Antarctique.

« Sir Ernest Shackleton sera toujours le nom écrit dans les annales de l’exploration en Antarctique en lettres de feu » Roald Amundsen

Expe Nimrod Ernest Shackleton

Entretien avec..., Régions polaires

Entretien avec les équipiers de Vagabond – Citoyens de l’Arctique


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Voilà plusieurs années qu’ils suscitent notre admiration et que nous nous passionnons pour leurs expéditions en Arctique.  

Ils sont les premiers à avoir forcé les glaces du Passage du Nord-Est, en 2002, à bord d’un voilier. 

Depuis une décennie, France Pinczon du Sel et Eric Brossier  vivent au rythme de la banquise Arctique à bord de Vagabond, tantôt sillonnant les mers du pôle tantôt prisonnier des glaces 10 mois durant.  

Vagabond est un voilier d’expédition conçu pour naviguer dans les glaces.  Depuis 1999, il est un support logistique unique en son genre, un camp de base itinérant pour scientifiques, sportifs ou artistes, passionnés par les régions polaires. 

Retour sur l’histoire de Vagabond et de ses quatre équipiers, France, Eric et leurs filles Léonie et Aurore.

Vagabond 7

Dans les années 1990, alors qu’il est prospecteur géophysicien et ingénieur en génie océanique, Eric commence à s’intéresser aux régions polaires.  En 1999, il se lance à la recherche d’un voilier capable d’emmener des scientifiques et des aventuriers dans les régions les plus reculées de l’Arctique, à la rencontre de montagnes et de fjords inconnus, de villages isolés : ce sera Vagabond.  

Il rencontre France au Salon Nautique de Paris en décembre 1999.  France est spécialiste en design naval, passionnée par l’aquarelle, et navigatrice.

Après deux premières expéditions réussies en 2000 et 2001 sur la côte Est du Groenland dans la région de Tasiilaq, ils accomplissent le tour de l’Arctique du 12 mai 2002 au 13 octobre 2003 via les Passages du Nord-Est et du Nord-Ouest.  L’enchaînement de ces deux passages mythiques, chacun franchi sans hivernage, sans l’aide d’un brise-glace, est une première dans l’histoire de la navigation.

L’aventure à bord de Vagabond ne s’arrête pas là.  De 2004 à 2009, le voilier s’est laissé prendre dans les glaces pendant cinq hivers consécutifs sur la côte Est du Spitzberg dans le Storfjord afin de permettre notamment la réalisation de mesures scientifiques pour plusieurs programmes internationaux sur le climat, la banquise et les courants, notamment le programme Damocles.

En septembre 2010, Borge Ousland (1) demande à Eric de faire partie de son équipage à bord de The Northern Passage, de Cambridge Bay à Pond Inlet, la partie la plus délicate du Passage du Nord-Ouest.  Le trimaran accomplit le tour de l’Arctique en voilier en une seule saison.  L’exploit est inédit.

Depuis 2011, France et Eric alternent navigations et hivernages le long de la côte Ouest du Groenland et du Nunavut au Canada.

Entretien avec des aventuriers hors du commun, en direct de Grise Fiord sur l’île d’Ellesmere, où ils ont jeté l’ancre pour l’hiver 2012-2013 – le village le plus au Nord du Nunavut et un des endroits les plus froids de la planète.

Vagabond 8

Comment est née votre passion pour les régions polaires ?

De 1993 à 1995, j’étais responsable de l’observatoire de Magnétisme et de Sismologie des Iles Kerguelen, dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises, pour l’Institut de Physique du Globe de Strasbourg.  C’est à cette époque que j’ai commencé à m’intéresser à ces régions et qu’est née mon envie d’acquérir un voilier qui serait le support logistique d’expéditions polaires.  Notamment lorsque je suis monté à bord de La Curieuse, un chalutier aménagé pour le travail des scientifiques en hivernage.

J’ai ensuite acquis Vagabond en 1999. Au départ, nous nous sentions bien dans ces régions, puis notre intérêt pour l’Arctique est devenu de plus en plus fort, au fur et à mesure de nos expéditions, de notre familiarisation à notre activité, à l’environnement polaire.  La magie du Grand Nord opérait.  Nous comprenions alors la puissance de son pouvoir de séduction.  Une fois que le concept de support logistique dans les régions polaires fut validé, nous avons eu de plus en plus de possibilités, d’opportunités et de sollicitations.  Nous avons vécu de plus en plus d’expériences.  Au point de prendre vraiment goût à notre mode de vie, à l’Arctique, aux cultures que l’on y côtoie.

Pourquoi vouliez-vous franchir le Passage du Nord-Est en 2002 ? Etait-ce un défi sportif ?

Nous n’avions pas pour objectif de faire une première.  Lorsque nous avons décidé de franchir le Passage du Nord-Est, je n’avais pas perçu ce que cela représentait, ni toutes les difficultés de la tâche ni l’ampleur du défi que nous nous lancions.

A cette époque, nous venions de terminer deux navigations le long de la côte Est du Groenland de juin à octobre 2000 puis de juin à octobre 2001, durant lesquelles nous avons travaillé pour l’Institut polaire français Paul Emile Victor et assuré la logistique d’expéditions d’alpinisme et de kayak de mer.  Nous venions de valider notre projet de faire de Vagabond une base itinérante pour des expéditions polaires.  C’était vraiment notre idée initiale.  Nous ne pensions pas du tout, à ce moment-là, que nous pourrions être les auteurs d’un exploit polaire inédit.

Je souhaitais également retourner au Japon où je suis né.  C’est ce qui m’a guidé vers le Passage du Nord-Est.  J’y pensais avant même de connaître Vagabond. C’était tout simplement la route la plus courte et l’occasion de parcourir la moitié la moins connue de l’Arctique.

Nous avons sauté le pas en 2002.  Forts de nos deux expéditions au Groenland, nous commencions à bien connaître Vagabond.  Nous étions prêts pour le Passage du Nord-Est.

Vagabond 11

Quel hivernage avez-vous préféré ?

Nous avons hiverné de nombreuses fois : au Kamtchaka en 2003 entre les deux Passages, dans la baie d’Inglefield au Spitzberg de 2004 à 2009, dans le fjord du Cap Sud de l’île d’Ellesmere à une cinquantaine de kilomètres de Grise Fiord en 2011-2012 et à Grise Fiord cette année.  Tous ces hivernages ont été très différents.  Même les cinq hivernages au Spitzberg n’étaient pas identiques !

A Grise Fiord, on est en contact permanent avec la population comme c’était le cas en Russie en 2003.  Ceci étant, nous hivernions près d’une ville au Kamtchaka alors qu’ici, Grise Fiord abrite une petite communauté de 140 Inuits.

Nous sommes nostalgiques de la pleine nature.  Cependant, il y a d’autres avantages à notre hivernage au cœur de Grise Fiord.  Léonie peut ainsi aller à l’école.  Et nous faisons beaucoup de rencontres.  Nous avons créé des contacts rapidement et même des liens d’amitié. Lorsque nous étions à cinquante kilomètres du village l’année dernière, nous avions aussi des visites de temps en temps et participions déjà aux événements comme les fêtes de Noël ou les compétitions de pêche.

Les populations isolées en Arctique connaissent un quotidien si différent du nôtre qu’il faut du temps pour l’apprécier.  Ils ont un regard sur l’Arctique très différent du nôtre, même si nous avons passé plus de douze ans dans ces régions.  Cet hivernage nous permet de connaître un peu mieux ces populations.

Vagabond 5

Préférez-vous les périodes d’hivernage ou de navigation ?

Nous aimons bien les deux.  Les saisons sont très marquées.  Ce que nous apprécions l’hiver, c’est que le bateau devient notre maison.  Nous pouvons consacrer tout notre temps aux manipulations scientifiques pour lesquelles nous nous sommes engagées, aux amis, à la famille, à la nature.  L’été, la navigation vient s’ajouter aux travaux scientifiques. La navigation requiert beaucoup de temps et d’attention ce qui nous laisse moins de temps pour les autres activités.  Parfois, on se dit : « vivement l’hiver ».   Et pourtant, l’été ne dure que deux mois !  La débâcle n’a lieu qu’en juillet.  Nous retrouvons l’eau libre que mi-juillet.

Quand recevez-vous des visiteurs à bord de Vagabond ?

Les scientifiques ne viennent généralement pas pendant la nuit polaire. Nous sommes généralement coupés du monde d’octobre à décembre/janvier car c’est la période pendant laquelle la banquise se forme, les déplacements sont difficiles.  Les scientifiques arrivent mi-février jusqu’au mois de mai au plus tard.  Le reste du temps, nous sommes seuls et les scientifiques nous confient des manipulations et observations à effectuer.

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Revenez-vous parfois en France ?

Oui, nous rentrons généralement d’octobre à décembre.  Nous sommes rentrés en France d’octobre à décembre dernier, par exemple.  Nous devrions rentrer à nouveau au mois d’octobre cette année.

Durant notre hivernage au Spitzberg, nous sommes rentrés en France pendant quatre automnes consécutifs.

Lorsque nous rentrons en France, nous confions le voilier à d’autres personnes motivées pour nous remplacer.  Cette année, nous l’avions confié à un Inuit du village de Grise Fiord.  C’était assez simple pour lui car nous sommes à terre cette année, nous ne sommes pas pris dans les glaces.  Son rôle consistait principalement à maintenir le chauffage afin que tout ne gèle pas à l’intérieur du bateau.  Je pense naturellement toujours au bateau lorsque je suis en France.

Comment faites-vous lorsque le voilier doit être réparé ?

Lorsque nous étions au Spitzberg, on faisait une révision complète du voilier pendant trois semaines chaque année à la base scientifique de Ny-Alesund.

En 2011, le voilier était en France, en gros chantier.

Le reste du temps, on effectue les petites réparations, l’entretien courant, du type peintures, etc., en juin car les températures sont positives, le bateau est sec, il n’y a plus de neige, la banquise finit de se fracturer et on ne navigue pas encore.

Vous avez vu des milliers d’ours.  Les ours blancs sont-ils réellement dangereux pour l’homme ?

Il y a autant de comportements que d’individus.

Ils se nourrissent de phoques et ne sont donc pas attirés par les hommes.  Ceci étant, il est possible de rencontrer certains ours, souvent les plus jeunes, qui peuvent être de mauvais chasseurs ou qui vont être plus curieux, plus téméraires.

Ils n’ont pas de prédateurs donc ils n’ont peur de rien.  Ils peuvent donner un coup de patte par surprise ou par simple curiosité.  Cela ne veut pas dire qu’ils vont nous agresser.  Mais ils ont une telle force qu’il vaut mieux éviter le contact physique avec eux.  Un seul coup de patte d’un animal de 700 kilos peut être mortel pour nous.  Il ne faut surtout pas laisser les ours nous approcher de trop près.  C’est plus leur curiosité qui est dangereuse que leur besoin de se nourrir.

En ce qui nous concerne, nous n’avons jamais été attaqués.  Une ou deux fois, des ours ont couru vers nous, par curiosité. Et un de nos chiens a été tué par un ours.

Lorsque je fais des manipulations scientifiques, je regarde toujours autour de moi.  Je suis généralement seul.  Les chiens ne viennent pas avec moi pour les longues manipulations.  Il faut être très vigilant.

Vagabond Ours

Où passerez-vous l’été 2013 ?

Nous naviguerons sur la côte Ouest du Groenland.  Nous naviguons généralement dans des eaux proches du lieu d’hivernage, sauf en 2005, où nous avons navigué avec des scientifiques le long de la côte Est du Groenland alors que nous hivernions au Spitzberg.

Et quel sera le lieu du prochain hivernage ?

Nous allons essayer de trouver un compromis par rapport à cet hiver.  Même si nous aimons être isolés, nous chercherons à nouveau un lieu d’hivernage près d’un village pour que Léonie puisse aller à l’école.  Ce sera soit Grise Fiord soit un village Groenlandais.  Ceci étant, nous essayerons d’être un peu plus loin du village que cette année.

Vagabond 12

Auriez-vous envie de naviguer en Antarctique ?

Cela ne nous déplairait pas.  Il nous faudrait un projet pour y aller. Nous avons déjà eu quelques pistes mais rien ne s’est concrétisé.

Nous y sommes déjà allés avant de nous connaître.  En 1997, France a navigué depuis le Havre jusqu’à la péninsule Antarctique.  Elle est partie avec des alpinistes.  Pour ma part, j’ai passé l’année 1994 dans les Iles Kerguelen dans le cadre de mon activité professionnelle.

Nous apprécions particulièrement le fait de pouvoir échanger avec la population lors de nos navigations ou hivernages, et cela nous manquerait certainement en Antarctique.

Quel est votre modèle d’explorateur ?

Fridtjof Nansen (2).  Il a su fédérer des groupes pendant plusieurs hivernages dans des conditions incroyables.  J’aime bien l’esprit de ce qu’il a entrepris.  Il est persévérant.  Il a fait de nombreuses observations utiles à la science. Il n’a pas exploré les régions polaires uniquement pour repousser les limites du corps, pour le challenge sportif, comme d’autres aventuriers ont pu le faire.  Ses expéditions avaient aussi pour objectif de faire avancer la science, et c’est ce qui me touche plus particulièrement.

La vie de France et Eric est si riche, leurs expériences si variées, qu’il est difficile de résumer leurs aventures en quelques mots sur cette page.  Pour en savoir plus, nous vous invitons à les suivre sur leur site internet : http://vagabond.fr/index.fr ou à visionner le dernier documentaire diffusé au sujet de leur hivernage 2011-2012, Sur le grand océan blanc.

La « Mission Arctique 2011-2014 » actuellement menée par France et Eric à bord de Vagabond est soutenue par la FEP :
http://www.proprete-services-associes.com/

(1) Explorateur polaire norvégien.  Le 23 mars 2006, Børge Ousland et Mike Horn sont les premières personnes à atteindre le Pôle Nord pendant la nuit polaire.  

(2) Fridtjof Nansen est un explorateur polaire, scientifique, homme d’Etat, diplomate norvégien.  En 1888, il achève la première traversée du Groenland à ski.  Entre 1893 et 1896, il mène l’expédition Fram dans l’océan Arctique à bord du navire Fram. Nansen et son équipage ont tenté d’atteindre le pôle Nord en utilisant la dérive de la banquise créée par le courant marin de l’océan Arctique. Après deux hivernages et de longs mois d’une dérive erratique, le navire s’est rapproché du pôle, mais pas assez rapidement au goût de Nansen. Il décide alors de se lancer à la conquête du pôle Nord en traîneau à chien et à ski, en compagnie de Hjalmar Johansen. En mars 1895, ils quittent le navire qui est laissé sous le commandement d’Otto Sverdrup. Nansen et Johansen n’atteignent pas le pôle mais réussissent à se porter jusqu’à une latitude de 86° 13′ 6″ N, le point le plus au nord jamais atteint jusqu’alors.

Régions polaires

Shackelton, « By Endurance We Conquer »


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Des soirées polaires sont actuellement organisées au cinéma La Géode, 26 avenue Corentin Cariou, 75019 Paris.  Lors de ces soirées, vous pouvez assister à la projection du film Ernest Shackelton, Naufrage de l’Antarctique, de Georges Butler ainsi qu’au film Arctique de Greg MacGillivray – un documentaire sur les ours et l’impact du réchauffement climatique en Arctique. La Géode expose également des photographies prises pendant le tournage du film par Florian Schulz.

Une bonne occasion donc de revivre sur grand écran les exploits de Shackelton et de son équipage – une des plus grandes histoires de survie de tous les temps !

Expédition polaire que vous pouvez également retrouver sur un format bande dessinée (Endurance, Bertho-Boidin, aux éditions Delcourt Mirages )

(c) Bertho - Boidin - Editions Delcourt Mirages
(c) Bertho – Boidin – Editions Delcourt Mirages

Sir Ernest Henry Shackleton est un explorateur anglo-irlandais, considéré comme l’une des principales figures de l’âge héroïque de l’exploration en Antarctique.

En 1914, après avoir essuyé plusieurs échecs en Antarctique et espéré à deux reprises être le premier homme à atteindre le pôle Sud (exploit réussi le 14 décembre 1911 par le norvégien Roald Amundsen), Shackleton porte son attention sur ce qu’il estime être le dernier grand défi polaire : la traversée à pied du continent Antarctique de la mer de Weddell à la mer de Ross via le pôle. Il monte, à cette fin, en 1914, l’expédition Endurance, avec un équipage de vingt-sept hommes.

(c) Royal Geographical Society
(c) Royal Geographical Society

La malchance le frappe lors de cette expédition et le navire, l’Endurance, un trois-mâts de quarante-quatre mètres, se retrouve emprisonné plusieurs mois dans les glaces. Il est lentement écrasé par la pression des glaces, obligeant les hommes à débarquer en octobre 1915. Pendant près de deux mois Shackleton et son équipe campent sur la banquise (Ocean Camp), espérant qu’elle dérive vers l’île Paulet, au nord, à près de 400 kilomètres, car ils savent que des provisions y sont déposées.

Après avoir échoué à cette dangereuse entreprise, à cause de la dérive qui les en éloigne, Shackleton décide de monter un autre camp sur cette banquise mouvante (Patient Camp), se fiant à nouveau au courant qui la pousse vers le détroit de Drake, au nord. Il veut dériver vers les eaux libres pour mettre les canots à la mer et atteindre une île de l’extrémité de la péninsule Antarctique.  Le 17 mars 1916, leur camp est à moins de 100  kilomètres de l’île Paulet, mais la glace trop épaisse les en sépare. Ils ne peuvent l’atteindre.

(c) Bertho - Boidin - Editions Delcourt Mirages
(c) Bertho – Boidin – Editions Delcourt Mirages

Le 9 avril 1916, la banquise se brise. Shackleton ordonne alors à l’équipage de mettre les canots à la mer afin de naviguer vers la terre la plus proche. Après cinq jours et cinq nuits sur une mer agitée et glaciale, les hommes, épuisés, débarquent à l’île de l’Éléphant, roche escarpée et couverte de glaces.

L’île de l’Éléphant est inhospitalière, loin de toutes routes maritimes. Shackleton prend donc le risque de partir avec cinq hommes dans le sens du courant à bord du plus grand des trois canots de sauvetage afin d’atteindre la lointaine Géorgie du Sud où il sait pouvoir trouver de l’aide dans les stations baleinières. S’ensuit une série d’exploits dont une navigation de plusieurs semaines à bord d’un canot dans des conditions tempétueuses.

(c) Bertho - Boidin - Editions Delcourt Mirages
(c) Bertho – Boidin – Editions Delcourt Mirages

Une traversée à pied en 36 heures de la Géorgie du Sud – île montagneuse qu’aucun homme n’avait alors traversée.

Et enfin le sauvetage, en août 1916, des hommes restés sur l’île de l’Elephant.

Shackleton

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Tara – de l’Arctique à Paris – from Arctic to Paris


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Depuis 9 ans, Tara Expéditions organise des missions scientifiques avec la goélette d’exploration Tara, afin de mieux comprendre l’impact du réchauffement climatique sur les écosystèmes.

Rappelons que Tara est un bateau entré dans l’histoire en 2008 en réussissant une dérive historique dans l’océan Arctique, plus de 100 ans après la dérive du Fram. Sa forme et son design uniques adaptés aux conditions polaires sont le fruit d’une conception hors du commun !

Tara a d’ores et déjà réalisé avec succès 8 expéditions au Groenland, en Antarctique, en Patagonie, en Géorgie du Sud, en Arctique donc (Tara Arctic de 2006 à 2008), et autour des océans avec l’expédition Tara Oceans de 2009 à 2012.

Après avoir traversé tous les océans du monde, et avant de voguer vers de nouvelles explorations scientifiques, Tara fait escale à Paris jusqu’au 27 janvier 2013. Profitez-en !

Cette escale permet à Tara Expéditions de partager avec le plus grand nombre les résultats de ses recherches (tant sur le milieu polaire que sur les océans) dans le cadre d’une grande exposition au pied du Pont Alexandre III. Cette exposition est merveilleusement bien organisée – il vous faudra environ une heure pour découvrir les films, interviews de scientifiques, infographies animées et textes.

Vous pourrez aussi voyager d’un pôle à l’autre grace au regard posé par Vincent Hilaire, photographe ayant participé à certaines expéditions de Tara, qui expose une quarantaine de photographies en noir et blanc sur l’extrême nord et l’extrême sud de la Terre. N’hésitez pas d’ailleurs à échanger avec Vincent qui saura également partager avec vous les émotions vécues durant ses expéditions exceptionnelles.

Enfin, vous aurez aussi la chance de pouvoir monter à bord, à l’instar du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, qui était monté à bord en février dernier, à New-York, pour exprimer à l’équipage de marins et scientifiques sa reconnaissance du travail de sensibilisation (sur les océans et le réchauffement climatique) effectué autour du monde avec le soutien de l’ONU.

Pour plus d’informations sur Tara Expéditions, vous pouvez cliquer sur Tara ci-dessous :

Tara Expeditions has been organizing missions aboard the research schooner Tara for the past 9 years. Its goal is to learn more about the impact of climate change on ecosystems.

Tara made an historic drift in the Arctic ice from 2006 to 2008, to study and understand climate change phenomena in the higher atitudes, more than 100 years after the first Arctic ice drift achieved by the Fram. The conception and design of Tara are of course unique.

Tara has already accomplished 8 successful expeditions – to Greenland, Antarctica, Patagonia, southern Georgia, the Arctic and all over the world with the latest expedition Tara Oceans.

After sailing the Seven Seas, and before next scientific explorations, Tara is stopping at Paris until January 27, 2013, to meet with you – don’t miss this opportunity !

Through visual, sound, light and simulation devices as well as cartography, the Tara exhibition (located Pont Alexandre III) gives access to science on the move, a science that is everyone’s business. This exhibition is intended for the general as well as for the young public. Tara Expeditions is sharing the results of some of its scientific researches regarding climates changes, polar regions and oceans.

Photographer Vincent Hilaire is also presenting forty pictures conveying some of the unusual, still pure atmosphere that prevails in the areas explored during his expeditions on board Tara. Black and white images are reinforcing the impression of eternity in landscapes where the mad rush of time seems to have stopped.

And you will also have the chance to board Tara, as United Nations Secretary General, Ban Ki-Moon, did when Tara docked in New York, expressing his gratitude that Tara Expeditions is raising awareness around the world and sharing his proudness that the United Nations is supporting Tara.

Régions polaires

Fonte historique de la banquise Arctique / Arctic sea ice shrinks to record low


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La banquise n’aura jamais été aussi peu étendue que cet été 2012 – depuis les premières mesures réalisées en 1979.

Petit rappel n°1 – la banquise est une étendue de mer gelée, à ne pas confondre donc avec les calottes glaciaires ou inlandsis (notamment au Groenland et en Antarctique) qui sont constitués quant à eux d’eau douce (glace continentale) et qui peuvent libérer des icebergs.

Petit rappel n°2 – on distingue principalement deux types de banquise, la banquise pérenne (glace pluriannuelle qui persiste malgré la fonte estivale) et la banquise saisonnière (qui disparaît chaque été).

La banquise Arctique ne couvrait plus que 3,4 millions de kilomètres carrés à la fin de l’été 2012, selon le Centre national américain de la neige et de la glace (NSIDC). Le précédent record (4,10 millions de km2) datait de 2007 et avait alors été qualifié d’exceptionnel. En trente ans, la surface de la banquise Arctique a été divisée par deux.

Non seulement la fonte estivale de la banquise Arctique s’accélère depuis quelques années, mais la structure même de la banquise subit des modifications. Elle est désormais majoritairement constituée de glace saisonnière, qui fond chaque année, alors qu’elle était précédemment formée de couches successives de glace persistante.

Selon Peter Wadhams, spécialiste de l’océan Arctique qui dirige le département de physique de l’océan polaire à l’université de Cambridge, en Angleterre, la fonte de la banquise Arctique s’accélère au point qu’elle pourrait avoir totalement disparu en été dès l’année 2016.

Si la fonte de la banquise n’a pas de conséquence directe sur le niveau de la mer, puisqu’il s’agit d’une étendue de mer gelée, elle entraîne toutefois des effets néfastes sur le climat, notamment en modifiant les courants océaniques et atmosphériques. En outre, alors que l’albédo de la banquise est très important, la glace renvoyant la majorité des rayons du soleil, l’albédo de la mer est à l’inverse très faible : il absorbe entre 90 et 95% de la chaleur des rayons du soleil. L’accélération de la fonte de la banquise est également dévastatrice pour la faune de cette région polaire, notamment les ours polaires.

Dans le même temps, cette fonte record attise les convoitises des Etats limitrophes et des grandes compagnies pétrolières qui pourraient être en mesure d’exploiter les immenses ressources en hydrocarbures que cette région polaire renfermerait. Et une voie maritime pourrait être ouverte pour rejoindre la Chine à partir de l’Europe en passant par le nord de la Russie et la mer de Béring, soit un raccourci de 7.000 km par rapport au trajet actuel.

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Arctic sea ice surface has never been so low since first measurements in 1979.

Little reminder n°1 – sea ice is largely formed from seawater that freezes, to be constrated with ice caps, ice sheets inlandsis (such as Greenland and Antarctica) which are made of compacted snow and hence are fresh water from the beginning – and can release ice shelves and icebergs.

Little reminder n°2 – there are two main types of sea ice, multi annual (perennial) sea ice wich remains after summer melt season and annual sea ice (which melts every summer). 

Artict sea ice has shrunk this summer 2012 to an all-time low record at 3.4 millions square kilometers at the end of this summer 2012, according to the American National Snow and Ice Date Center (NSIDC). Previous lowest record dated back 2007 (4.10 millions km2) and was then considered to be exceptionnal. Within thirty years, the arctic sea ice surface has been divided by two.

Not only has Artict sea ice summer melt accelerated over the past years, but the structure of Artict sea ice itself is changing. It is now mostly made of annual sea ice, which melts every summer, whereas it used to be made mostly of layers of multi annual sea ice.

According to Peter Wadhams, professor of Ocean Physics, and Head of the Polar Ocean Physics Group, University of Cambridge, UK, summer melt is accelerating so quickly that Artict sea ice may totally melt during summer 2016.

If sea ice melting does not have a direct impact on sea level, because sea ice is largely formed from seawater that freezes, it does however have very negative impact on climate change, notably as it participates to the ocean and atmosphere currents changes. In addition, whereas the albedo of sea ice is very high, sea albedo is to the contrary very low as sea absorbs between 90 to 95% of sunshine. The acceleration of sea ice melting is also devastating for the arctic faune, notably for polar bears.

In the same time, this melting record arouses keen interest from northern countries and multinational oil companies which would be in a position to exploit potentially huge oil reserves. And a new waterway could be open up to get to China from Europe through the north of Russia and Bering sea, i.e. a 7,000 km shortcut compared to the current way.