Petit rappel, la SaintéLyon, c’est :
- un parcours mythique de Saint-Etienne à Lyon via les crêtes des Monts du Lyonnais
- 70 kms
- 50% de chemins pour 50% de bitume
- 1700 m de dénivelé positif pour 1900 m de dénivelé négatif
- tous les ans le premier week-end de décembre
- un départ à minuit
Avec en bonus pour l’édition 2012 :
- 25 kms enneigés entre Sorbiers (km8) et la descente du bois d’Arfeuille (km33)
- du verglas et de la glace – y compris dans la bouteille d’eau…
- des flocons de neige au petit matin (à partir de 7h) pour le final
Conséquences :
- 2000 abandons sur 6000 inscrits au raid de 70 kms
- des chutes – beaucoup de chutes – sans trop de gravité tout de même par rapport à l’édition 2010 (une trentaine d’évacuations pour fractures quand même)
- un bon entraînement pour le Marathon du Pôle Nord (i.e. un bon terrain d’entraînement… pour la température, il faudra probablement compter 20°C de moins !)
Allez, c’est parti pour un petit résumé de notre SaintéLyon.
Le Parc Expo de Saint-Etienne. Jusque-là, tout va bien. La salle est bien chauffée ! Visualisation de la course avec Cathy Dubois, 1ère féminine en 2007 (extrait vidéo ci-dessous).
Cathy Dubois, qui remportera d’ailleurs quelques heures plus tard la SaintéLyon 2012 – après 7h13mn24s d’effort – devant Karine Herry, quatrième, qui a déjà tout gagné sauf la SaintéLyon, e.g. les Templiers (9 victoires !), l’UTMB, le Grand Raid de la Réunion, etc.
Le Départ (km0). Sortir du Parc Expo de Saint-Etienne pour se rendre sur la ligne de départ, à quelques centaines de mètres, est déjà une première épreuve ! Le froid est saisissant, tous les véhicules sur le parking sont d’ailleurs recouverts d’une belle couche de verglas. Heureusement, courir ça réchauffe, surtout que les premiers kilomètres sont assez roulants, même si nous cherchons surtout à ne pas aller trop vite pour avoir des jambes jusqu’au bout.
La sortie des Sorbiers (km8). Début de l’ascension dans l’obscurité vers Saint-Christo. Effectivement, il a bien neigé et il en reste une bonne couche ! La progression devient plus compliquée, d’autant plus que l’éclairage de nos frontales n’est pas optimal. Regard en arrière pour profiter du spectacle, le long serpent des lumières de frontales s’est déployé. Les pieds dans la neige sous le ciel étoilé.
Saint-Christo (km16). Premier ravitaillement, mais nous décidons de poursuivre jusqu’à Sainte-Catherine sans nous arrêter. L’ascension continue jusqu’au point culminant (km21). La couche de neige est particulièrement épaisse par endroit – on s’enfonce jusqu’au mollet ! Le passage par les crêtes est agrémenté d’un léger vent frais (…) Tiens, notre bouteille d’eau commence à glacer. C’est le moment où Stéph décide de mettre sa troisième paire de gants. Et certains coureurs s’arrêtent sur le bord du chemin pour mettre des chaînes à leurs chaussures afin d’avoir une meilleure adhérence (cela nous aurait été bien utile).
Sainte-Catherine (km28). Soulagement quand nous apercevons les lumières de Sainte-Catherine. Au départ à Saint-Etienne, l’organisation nous avait indiqué que le plus difficile serait de rallier Sainte-Catherine : ça c’est fait – mais il reste quand même une quarantaine de kilomètres… Allez, un petit arrêt ravito et c’est reparti !
Saint-Genoux (km36). La descente sur Saint-Genoux est technique. Dans le bois d’Arfeuille, la neige laisse la place à la boue puis au verglas. On tombe, on se relève et on repart. Heureusement, nos chutes sont sans gravité, même si elles laisseront des traces pendant quelques jours après la course. En passant, nous avons un petit mot pour ceux qui se sont blessés et qui attendent les secours dans leur couverture de survie.
Soucieu-en-Jarrest (km47). Les deux nouveautés de la 59ème édition de la SaintéLyon, c’est ici, deux nouveaux passages nature sous forme de descentes très techniques : le bois de la Gorge et le bois de la Dame. Le verglas est tellement piégeux que la plupart des participants préfèrent s’engager par les sous-bois longeant le chemin. Nous sommes fatigués mais bien contents d’arriver au ravito de Soucieu ! Surtout que les 23 kilomètres restant sont a priori moins techniques.
Beaunant (km59). Nous espérions pouvoir accélérer notamment dans la descente jusqu’au passage du Garon, mais le genou gauche de Jérémie – qui a eu droit à un contact privilégié avec le verglas dans le bois d’Arfeuille – commence à bloquer. Les derniers kilomètres s’annoncent difficiles. Le jour se lève et il commence à neiger. À 10 kilomètres de l’arrivée, sublime aqueduc gallo-romain, la côte des Aqueducs de Beaunant -1,5 kms dont un passage à plus de 20%- ça passe ou ça casse… Bon, ça passe !
Lyon – arrivée (km70). En longeant les quais, à moins de 5 kilomètres de l’arrivée, nous croisons des joggeurs en sens inverse qui nous encouragent. Allez, une dernière ligne droite, quelques marches à monter, à descendre, à monter… puis enfin l’entrée dans le parc de Gerland, un dernier virage pour enfin franchir les portes du Palais des Sports de Gerland : FINISHERS !!!!
Extrait article L’Équipe, le 3 décembre 2012 : « La plus ancienne des courses nature françaises, la mythique SaintéLyon, a encore marqué les esprits dans la nuit de samedi à dimanche (départ à minuit). Les 12 000 coureurs inscrits sur les différentes formules, dont près de 6 000 sur le raid solo de 70 kms, ont eu en effet à affronter des conditions hivernales particulièrement rudes avec un froid vif, une neige abondante sur le versant stéphanois et un terrain particulièrement difficile et piégeux, occasionnant des chutes fréquentes (plus de 3000 abandons) ».
Au-delà de l’exploit physique, la SaintéLyon est aussi une aventure humaine intense où la solidarité entre coureurs se renforce face aux éléments. Sur ces 70 kilomètres, le froid mordant, la neige épaisse et les plaques de verglas créent des conditions extrêmes qui transforment chaque foulée en un défi constant. Pourtant, malgré les difficultés, une atmosphère unique et fraternelle règne tout au long du parcours : des encouragements échangés dans la nuit noire, des sourires partagés à chaque ravitaillement, et des moments de complicité entre inconnus qui puisent ensemble dans leurs dernières forces. La SaintéLyon, plus qu’une simple course, devient ainsi une épreuve collective, un défi relevé dans un esprit de camaraderie, où le sentiment d’accomplissement réchauffe chaque finisher bien au-delà de la ligne d’arrivée.